Étude sur les besoins des membres DPC-AMPQ

Résumé: 

Objectif : Afin de mieux comprendre les besoins perçus des psychiatres membres de l’Association des Médecins Psychiatres du Québec (AMPQ) en matière de développement professionnel continu (DPC) et planifier des activités de formation plus adaptées, nous avons sondé les membres qui ont participé à 31 activités DPC distinctes de l’AMPQ entre le 2 octobre 2019 au 15 décembre 2021. Méthode : Les demandes reçues étaient très hétérogènes. Nous avons dû caractériser chaque demande en fonction propriétés: 1) spécificité de la demande 2) catégorie de connaissance 3) catégorie diagnostique et 4) mots-clés spécifiques. Les variables nominales dans chacune de ces 4 propriétés furent déterminées suite à l’analyse des 450 premières demandes par le Dr Tin Ngo-Minh. La méthode de classification des données étant établie, le reste la caractérisation (balisage ou tagging) des demandes fut fait par une étudiante en médicine. L’analyse des demandes a ensuite été possible. Résultats : Sur les 1425 demandes collectées par les membres de l’AMPQ, on observe une proportion égale de demandes de formations sur des sujets spécifiques et non spécifiques (50% vs 50%). Quant à l’aspect « catégories de connaissances », nous constatons un intérêt plus grand pour les "traitements non-pharmacologiques" (27%), suivis par les "traitements pharmacologiques" (15%), "l’évaluation" (11,5%), les "aspects théoriques" (5,9%). 23,6% des demandes souhaitaient aborder tous ces 4 catégories de connaissances sur un sujet particuliers. 16,9% des demandes n’était pas en lien avec aucune de ces catégories de connaissances. 13 catégories diagnostiques furent générées par notre analyse, parmi lesquelles la « psychothérapie/approches thérapeutiques » (23,2%), « pédo/adopsychiatrie » (9,0%) et les « conditions particulières et très spécifiques » (8.9%) furent les plus populaires. Parmi les 75 mots clés possibles (variables nominales établies à partir de l’analyse préliminaire du Dr Ngo-Minh), les plus populaires furent «Mise-à-jour » (5.5%), « COVID-19 » (5,21%), et « Cas difficiles/défis » (5,21%). Conclusion : Un rigoureux travail de catégorisation des données a dû être effectué avant de procéder à l’analyse pour comprendre les besoins perçus des psychiatres membres de l’AMPQ en matière de DPC. La méthode d’analyse des besoins est innovante puisqu’elle donne une lecture plus précise et plus dynamique des besoins. La méthode permet une analyse continuelle des besoins qui devraient constamment évoluer en fonction des circonstances (en l’occurrence la pandémie du COVID19) et des offres de formation elles-mêmes adaptées aux besoins selon cette analyse. 

Accès limité aux données ci-dessus.

Contexte:

La détermination et l'analyse des besoins en matière de DPC servent de fondement à l'élaboration de toutes activités d’apprentissage. Le champ des savoirs et des compétences que doivent couvrir les médecins psychiatres d’aujourd’hui ne cesse d’accroitre surtout s’ils adhèrent à au modèle holistique biopsychosocial des soins. Une précédente étude auprès des psychiatres du Québec avait révélé que ceux-ci désiraient des formations pour mieux répondre aux cas complexes (1). Notre étude a donc été menée pour mieux caractériser cette demande, identifier d’autres besoins perçus en matière de développement professionnel continu (DPC) et mieux planifier des activités de formation aux psychiatres membres de l’AMPQ.

Données:

N: 1425 entrées (demandes des membres de l'AMPQ)

Provemant des formulaires d'évaluation de 31  activités de formation offert par le DPC-AMPQ, dont 3 congrès de psychothérapie (2019, 2020 et 2021) et un congrès annuel (2021). Les évaluations émanent donc surtout des webinaires du midi  et des journées thématiques

Période d'échantillonnage: 2-Oct-2019 - 15 déc 2021 

Méthodologie:

Les données (besoins perçus) proviennent du DPC FMSQ, extraites des réponses des membres de l’AMPQ aux évaluations de 31 activités DPC distinctes entre octobre 2019 à décembre 2021. Ces évaluations sondaient aussi le besoins.

Les données étaient très hétérogènes. Chaque donnée a donc due être classée selon 1- la spécificité de la demande (2 options possibles) 2- les catégories de connaissance (5 options possibles) 3- les catégories diagnostiques (12 options possibles) et 4- les mots-clés spécifiques (75 options possibles). Cette méthode de classification fut proposée par le Dr Ngo-Minh après l’analyse des 450 premières données.

La suite du classement des données (« tagging ») fut effectuée par 2 étudiantes en médecine.

L’utilisation de moyens de travail collaboratif GoogleSheet et de tutoriels vidéo a permis d’uniformiser, de simplifier et d’assurer une consistance du travail (« tagging »).

(en détails: Les données sur les besoins proviennent du DPC FMSQ qui compilent les évaluations et envoie les données anonymisées à notre équipe. Les demandes reçues étaient très hétérogènes. Nous avons dû caractériser chaque demande en fonction propriétés: 1) spécificité de la demande 2) catégorie de connaissance 3) catégorie diagnostique et 4) mots-clés spécifiques. Ces niveaux de catégories ont initialement été identifiés par Dr. Ngo-Minh sur la base de thèmes unificateurs. La création de ces catégories/thèmes/mots clés (variables nominales) a été effectuée jusqu'à saturation, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de générer nouveaux catégories de connaissance/grands thèmes/mots clés représentant plus de 3 entrées parmi les 450 premières entrées analysées par Dr Ngo-Minh (évaluations des besoins de oct 2019 à mai 2020). 

L’assignation du reste des données selon ces catégories prédéfinies ou « tagging » (N : 1425) a ensuite été effectuée par 2 étudiantes en médecine qui ont préalablement suivi un tutoriel vidéo produit par Dr Ngo-Minh dans le but d’uniformiser leur travail. Usage de l’outil googlesheet a facilité le travail. Celles-ci informaient Dr Ngo-Minh lorsque les demandes étaient ambiguës et lorsqu’elles voyaient des thèmes émerger et qu’un nouveau mot clé devait être ajouté à la liste. L’analyse des demandes a ensuite été possible)

Résultats/analyse: (à uniformiser)

Sur les 1425 demandes collectées par les membres de l’AMPQ, on observe une proportion presque égale de demandes de formations sur des sujets spécifiques et non spécifiques (48% vs 52%). Quant à l’aspect « catégories de connaissances », nous constatons un intérêt plus grand pour les "traitements non-pharmacologiques" (27%), suivis par les "traitements pharmacologiques" (15%), "l’évaluation" (11%), les "aspects théoriques" (6%). 23% des demandes souhaitaient aborder tous ces 4 catégories de connaissances sur un sujet particuliers. 17% des demandes n’était pas en lien avec aucune de ces catégories de connaissances. 13 catégories diagnostiques furent générées par notre analyse, parmi lesquelles la «psychothérapie/approches thérapeutiques » (23%), « pédo/adopsychiatrie » (9%) et les « conditions particulières et très spécifiques » (9%) furent les plus populaires. Parmi les 75 mots clés possibles (variables nominales établies à partir de l’analyse préliminaire du Dr Ngo-Minh), les plus populaires furent « Mise-à-jour » (5.5%) « COVID-19 »  (5.2%) et « Cas difficiles/défis » (5.2%). 

Bien que cette méthode essaie d’enregistrer les besoins de membres d’une manière détaillée, des limitations existent en raison de l’hétérogénéité des besoins des membres, ex: les demandes sont souvent très vagues ou très spécifiques. Cette hétérogénéité a probablement été augmentée par la division du travail  (tagging) entre 3 évaluateurs, qui doivent interpréter et « tagger » subjectivement (parfois interpréter les demandes trop vagues des membres) et parfois arbitrairement les demandes vagues ou spécifiques.

Au cours de notre analyse, nous avons aussi remarqué que les membres ont tendance de proposer les sujets en lien avec la formation à laquelle ils assistaient, souhaitant souvent approfondir leur connaissance sur les modalités spécifiques proposés lors de la formation.

Comme notre modèle contient aussi des catégories limitées dans le but de faciliter l’analyse. Par contre, cela pourrait discriminer des sujets qui ne font pas parties d’aucune catégorie spécifique et se fondent dans la masse de besoins « autres » très hétérogènes et difficilement analysables.

À noter d'une demande peut générer plusieurs tags et se retrouver dans beaucoup de catégories ou générer beaucoup de tagging

Tableaux et graphiques

Conclusion: 

Les résultats de l’étude démontrent des intérêts assez divers chez les membres. Toutefois, une franche préférence pour les « approches thérapeutiques et non-pharmacologique » est observée ce qui semble indiquer que les psychiatres du Québec ne s’identifient non pas uniquement comme des psychopharmacothérapeutes, mais qu’ils adhèrent aux approches multimodales biopsychosociales en psychiatre et qu’ils cherchent à s’y former davantage. Ils veulent certainement adapter leur formation en fonction des circonstances («COVID19», «cannabis/CBD», «organisation des soins», «enjeux sociaux», «TSPT-PTSD») et souhaitent réviser leurs connaissances pour mieux répondre à leur « pratique clinique au quotidien » («mise-à-jour/révision», «innovations/solutions/nouveautés», «cas difficiles/défis»). Ceci est consistant avec les besoins de formation identifiés par le comité DPC de l’AMPQ et ses orientations. 

Cette étude a permis la conception d’un outil web de visualisation rapide et efficace des données pour mieux cerner les demandes générales et spécifiques des membres. Voici un exemple. Nous vous invitons à tester l’outil par vous-même via https://www.psychiatrieenligne.ca/recherche/AMPQ 

Référence:

Luconi F, Montoro R, Lalla L, Teferra M. An Innovative Needs Assessment Approach to Develop Relevant Continuing Professional Development for Psychiatrists. Acad Psychiatry. 2021 Nov 30:1–8